Interview – Romain Lavizzari, président de l’APCG

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Lors de son Assemblée générale 2020, l’Association des promoteurs-constructeurs genevois (APCG) a élu son nouveau président: Romain Lavizzari, associé et administrateur de la Compagnie financière de promotion immobilière (CFPI). Ce promoteur et pilote d’opérations immobilières succède à Thomas Mader.

– Qu’est-ce que l’APCG et quels sont ses objectifs?

– Créée il y a maintenant plus de 30 ans, l’APCG est aujourd’hui constituée de près de 40 membres et regroupe une part importante des acteurs privés (promoteurs, développeurs, pilotes de projets et constructeurs) du développement immobilier de notre canton. Par le regroupement de compétences complémentaires, elle se veut une association de praticiens, au service de ses membres et de leurs clients, tout en les représentant et en défendant leurs intérêts.

– Dans le contexte actuel, quel est le rôle de l’APCG?

– L’APCG a d’autant plus d’importance que les sujets immobiliers sont aujourd’hui passablement sous les feux des projecteurs. En présence d’une zone de développement très réglementée et d’une densification en zone villas qui fait aujourd’hui débat, il nous semble important de pouvoir participer activement aux discussions et de transmettre les informations utiles à nos membres. L’APCG est régulièrement consultée par les pouvoirs publics (Conseil d’Etat, Parlement, etc.) et les services de l’Etat, par exemple lors de projets de lois ou au sujet de pratiques administratives. Notre regard de praticiens contribue à alimenter les discussions et les appréciations, même si, au final, les décisions sont bien entendu du ressort des politiques.

– Quel regard portez-vous sur l’aménagement du territoire à Genève?

– Nous sommes dans une période d’incertitude, au vu des dernières votations et du rejet de plusieurs modifications de zones (Petit-Saconnex, Cointrin Est et Ouest), qui visaient pourtant à mettre en œuvre le Plan directeur cantonal 2030. Ce dernier est l’outil de planification – validé à l’époque par la plupart des partis politiques – permettant d’envisager le développement de certains secteurs du territoire, à des horizons de temps moyen, long, voire même très long. C’est un parcours fastidieux qui doit se faire étape par étape, avec ensuite l’élaboration de plans d’affectation, puis de projets aboutissant finalement à des autorisations de construire. Ces choix populaires récents risquent donc de bloquer durablement ces périmètres, sur lesquels nos membres sont actifs. A cela s’ajoutait le gel complet de la densification en zone villas décrété par un moratoire du Conseil d’Etat, qui heureusement vient de revoir sa position pour permettre à des projets de voir le jour, à condition que la qualité soit au rendez-vous et de respecter les Plans directeurs communaux.

– Que comptez-vous mettre en place durant vos deux ans de présidence?

– J’aimerais accroître la visibilité de notre association et faire connaître davantage nos prises de position au grand public. Mais cette volonté doit tout d’abord faire l’objet de discussions de fond avec nos membres et donc d’une légitimité associative; l’Assemblée générale n’a malheureusement pas pu se tenir cette année sous la forme traditionnelle, en raison de la crise sanitaire. J’aimerais aussi motiver les jeunes générations – présentes à la direction de grandes enseignes immobilières – à s’impliquer dans notre association et défendre nos métiers. Car les effets des décisions prises aujourd’hui se verront demain, voire même après-demain! Par ailleurs et suite à une visite associative à Zurich, nous réalisons actuellement un travail important d’analyse sur les réussites et échecs du développement immobilier genevois récent, notamment en termes urbanistiques, et espérons pouvoir formaliser certaines propositions. Tout le monde, le Conseil d’Etat y compris, prend conscience de la nécessité de «donner envie» et de créer l’adhésion autour des enjeux et des projets qui doivent y répondre.

– Que signifient pour vous des quartiers de qualité?

– Cette notion de qualité est primordiale: outre la qualité architecturale du bâti, elle englobe les questions environnementales, sociales et culturelles. C’est de la qualité de vie de tous dont il s’agit, dépassant les frontières de notre logement pour s’étendre aux espaces communs et publics. Performances énergétiques, équipements publics (écoles, crèches, sports, etc.), aménagements extérieurs, mobilité douce, bonne desserte en transports en commun et mixité des populations sont des paramètres incontournables. Ainsi et avec une densité assez importante, les quartiers de la Chapelle à Lancy ou des Vergers à Meyrin me semblent répondre à ces critères. Les habitants se sont appropriés les lieux et une véritable dynamique de quartier est désormais présente. En résumé, l’APCG encourage  une vision commune et partagée. Avec Yannos Ioannides à la vice-présidence, la continuité de nos objectifs est assurée!

Propos recueillis par Véronique Stein dans l’hebdomadaire Tout l’immobilier du 20 juillet 2020